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Expérimentation sur les boulettes de graines

La reforestation est l’un des principaux leviers contrer le réchauffement climatique. Pour être durables, les projets de reforestation doivent répondre aux besoins des communautés locales et travailler avec – et non contre – la nature. Et pour être économes, ils doivent utiliser les ressources locales – en particulier les graines – et minimiser la complexité du processus de reboisement. Le semis direct avec des boulettes de graines est une solution qui répond à ces deux exigences. Mais quel est le taux de germination avec les boulettes de graines? Nous avons voulu le découvrir.

Pour les espèces tropicales, le taux de germination moyen en semis direct est de 38 % et le taux d’établissement de 17 %[1]. Les performances d’établissement peuvent être améliorées en protégeant les graines contre les prédateurs naturels. C’est ce que fait la technique des seedballs[2]. L’enrobage des graines avec un mélange naturel d’argile et de charbon de bois peut éviter jusqu’à 30% de pertes dues aux rongeurs, aux oiseaux et aux parasites. Les boules de graines sont actuellement utilisées dans la reforestation au Kenya et en Côte d’Ivoire[3], mais les performances de la technique des boulettes de graines n’ont jamais été mesurées scientifiquement jusqu’à présent pour les espèces d’arbres africaines. La plupart des expériences scientifiques[4] impliquant des seedballs visent les cultures comme le blé, etc. et non les arbres. Avec le soutien du Research Challenge de ETH for Development, nous avons voulu combler ce vide scientifique en comparant le taux de germination avec et sans la technique des seedballs. En effet, selon nos statuts, arboRise s’est donnée pour une mission d' »expérimenter des méthodes de reforestation naturelle qui renforcent la biodiversité et de partager les résultats de ces expériences »

Méthode d’expérimentation

L’objectif consiste à vérifier la validité de l’hypothèse (1), selon laquelle la méthode des « seedballs »[5] a un impact positif sur le taux de germination de 40 essences forestières tropicales de la région de Linko en Guinée. On évalue également l’impact d’un prétraitement pour lever la dormance.

L’expérimentation sur le terrain a été menée par notre partenaire local, l’ONG GUIDRE (Guinée Développement Rural et Environnement) de Faranah. Monsieur Pépé Philippe Kpogomou, ingénieur agronome et Directeur Préfectoral de l’Environnement, des Eaux et Forêts à Kérouané puis à Faranah a supervisé tous les travaux et la mise en œuvre.

L’expérience a été structurée comme suit:

  • Un terrain d’expérimentation d’environ 1 hectare a été identifié à Linko, défriché, puis entouré d’une barrière de 220m, pour empêcher le bétail de brouter les pousses

barrière protectrice protection fence Schutzbarriere

  • A l’issue de la récolte dans chaque groupe de villages, 800 graines de chacune des espèces ont été prélevées. Les graines du premier et du deuxième groupe ont été stockées en sachets plastiques hermétiques d’ici à la récolte des graines du troisième groupe. Puis toutes les graines ont été amenées à Linko pour le prétraitement.
  • Du 11 au 13 mai 2022, les 800 graines par espèce ont été traitées comme suit:
    • Groupe Contrôle: 200 graines de chacune des 40 espèces, sans aucun prétraitement ni enrobage (graines « nues »)
    • Groupe Test 1: 200 graines de chacune des 40 espèces, avec prétraitement pour lever la dormance[6]
    • Groupe Test 2: 200 graines de chacune des 40 espèces, sans aucun prétraitement mais avec enrobage du mélange argile/charbon
    • Groupe Test 3: 200 graines de chacune des 40 espèces, avec prétraitement pour lever la dormance et avec enrobage du mélange argile/charbon

semi au cordeau

  • Puis, le 14 mai 2022, les groupes de 200 graines ont été semés au cordeau et avec des poquets avec un espacement de 25cm entre chaque graine et 50cm entre chaque ligne. Chaque bloc d’une espèce est séparé du bloc de l’espèce suivante de 50cm. Chaque bloc est identifié par un panneau distinct.

Périmètre d'expérimentation

  • Le taux de germination de chaque ligne a été mesuré (les pousses ont été comptées) une première fois les 18-19 juillet 2022 puis une nouvelle fois les 15-16 août 2022.

Les résultats de l’expérimentation sont en cours d’analyse et seront publiés très prochainement. Merci à ETH4D pour son soutien financier et à toute l’équipe de GUIDRE pour sa capacité à relever les défis du terrain !

 

[1] NurseryToForest Solutions; Grossnickle, S.; Ivetić, V.; University of Belgrade – Faculty of Forestry Direct Seeding in Reforestation – A Field Performance Review. REFOR 2017, 94–142, doi:10.21750/REFOR.4.07.46.

[2] Madsen, M.D.; Davies, K.W.; Boyd, C.S.; Kerby, J.D.; Svejcar, T.J. Emerging Seed Enhancement Technologies for Overcoming Barriers to Restoration: Emerging Seed Enhancement Technologies. Restor Ecol 2016, 24, S77–S84, doi:10.1111/rec.12332.

[3] www.seedballskenya.com , http://www.seedballsci.com/

[4] Gornish, E.; Arnold, H.; Fehmi, J. Review of Seed Pelletizing Strategies for Arid Land Restoration. Restor Ecol 2019, 27, 1206–1211, doi:10.1111/rec.13045.

[5] https://en.wikipedia.org/wiki/Seed_ball

[6] Selon les consignes tirées du catalogue de semences du Centre National de Semences Forestières de Ouagadougou

 

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