Récolte des graines

récolte de graines d'arbres diversifiées

La récolte des graines de nos 40 espèces d’arbres locaux est la toute première étape d’une campagne de reboisement. Ce sont les représentantes des 250 « familles-graines » qui s’en chargent: dans chaque village les femmes engagées dans le projet arboRise récoltent les graines de leur arbre semencier. Chacune possède un arbre d’une espèce différente, pour garantir la meilleure biodiversité possible.

Ensuite chaque récolteuse amène ses 20’000 graines au centre du village pour qu’elles y soient comptées et payées. C’est aussi l’occasion pour notre partenaire GUIDRE d’évaluer la qualité des graines livrées.

Puis toutes les graines des différents arbres semenciers sont mélangées et réparties en tas, pour être ensuite mises en sacs et transmises aux « familles-terrains » qui se chargeront de l’ensemencement.

Faites le calcul: ce sont 5’000’000 de graines en tout pour une récolte de graines ! A répartir entre 500 hectares, donc 10’000 graines par hectare, soit une graine par mètre carré.

Constitution de la Fondation arboRise

fondation arboRise foundation

Le comité a mis en oeuvre la transformation de l’association arboRise en une fondation d’utilité publique, suite à la décision de l’Assemblée Générale du 12 décembre 2022. La fondation arboRise poursuit exactement les mêmes buts que l’association:

  • Lutter contre le réchauffement climatique par la reforestation [1] en accord avec les Objectifs de Développement Durable 13 et 15 des Nations Unies.
  • Expérimenter des méthodes de reforestation naturelle qui renforcent la biodiversité et partager les résultats de ces expériences [2]
  • Intéresser les populations locales à la reforestation et valoriser leur patrimoine forestier [3]
  • Sensibiliser les populations des pays à hauts revenus à l’utilité de la reforestation comme moyen de lutte contre le réchauffement climatique [4]

La fondation ne poursuit aucun but économique et ne vise pas la recherche de profit.

Les campagnes de reforestation de la fondation sont mises en œuvre dans les pays situés au sud de l’Afrique de l’Ouest (notamment Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin) dans le but de créer un corridor de faune et de flore reliant, par des agroforêts, les parcs naturels de ces pays. La région initiale, à partir de laquelle la bande reboisée sera progressivement étendue, est constituée par les sous-préfectures de Linko, Damaro et Konsankoro dans la Préfecture de Kérouané en République de Guinée.

  1. [1] Pour maximiser les surfaces reboisées, l’approche de la fondation arboRise est « low-tech » et « low-cost ».
  2. [2] L’intention de la fondation arboRise est que d’autres acteurs de la reforestation puissent ainsi diminuer leurs coûts par hectare et maximiser les surfaces reboisées.
  3. [3] La majeure partie des revenus issus des crédits-carbone doit revenir aux communautés locales.  
  4. [4] Les activités de sensibilisation sont subsidiaires aux trois buts précédents et ne doivent pas engager plus de 5% des ressources de la fondation.

Les autorités fiscales du Canton de Vaud ont validé l’utilité publique de la fondation arboRise, qui est ainsi exemptée de l’impôt sur les sociétés. Les donations à la fondation bénéficient également de l’exemption fiscale.

Etant active à l’étranger, la fondation arboRise est soumise au contrôle de l’Autorité Fédérale de Surveillance des Fondations. Selon toute probabilité arboRise sera amenée à gérer des flux financiers importants, il est donc nécessaire de garantir que ces ressources sont utilisées à bon escient. L’autorité fédérale de surveillance des fondation vérifiera que ses fonds sont utilisés selon les buts statutaires (un tel contrôle n’aurait pas été obligatoire pour l’association).

La fondation arboRise est désormais inscrite au Registre du Commerce du Canton de Vaud sous le numéro CHE-210.113.196.

Ce cadre légal offre une sécurité et une stabilité accrue pour nos partenaires et bailleurs. C’est essentiel, car pour garantir la pérennité de nos activités de reboisement nous allons nouer des relations durables, sur plusieurs décennies, avec nos futurs bailleurs. Il faut de la stabilité pour œuvrer dans la continuité.

Le Conseil de la Fondation arboRise dispose de compétences diversifiées et pertinentes pour remplir les objectifs statutaires:

  • Eric Bettens, conseiller communal de la ville de Lausanne (les Vert.e.s) et membre de la commission des finances, facilitera les travaux du conseil en tant que Président du conseil de fondation
  • Mariame Camara, ancienne vice-présidente du comité de l’association, originaire de la Préfecture de Kérouané en Guinée, apportera ses connaissances de la société guinéenne et du contexte local
  • Laurent Douek, ancien membre actif du comité de l’association, membre du conseil de la Swiss Philanthropy Foundation, mettra à disposition du conseil son vaste réseau et ses compétences dans le domaine de la gouvernance de fondations
  • Anne Giger Dray, spécialiste de la gestion durable des ressources renouvelable à l’ETHZ, fera bénéficier le conseil des enseignements issus de projets de recherche (changements d’utilisation des terres, moyens de subsistance, durabilité, gouvernance et gestion participative)
  • Alice de Benoît, conseillère communale de la ville de Lausanne (Vert’libéraux) et juriste, appuiera le conseil dans le domaine juridique et favorisera les collaborations transversales
  • John Pannell, Professeur en Evolution végétale à l’UNIL, contribuera à la robustesse scientifique des expérimentations menées par arboRise.

Le conseil de fondation s’est réuni le 6 mars 2023 pour définir son mode opératoire.

Quant à Philippe Nicod, fondateur d’arboRise, il poursuivra son engagement bénévole comme directeur de la fondation jusqu’à ce que celle-ci dispose de ressources suffisantes pour rémunérer la personne qui lui succédera.

Formation en dendrométrie

dendrométrie 4

Notre partenaire South Pole a apporté ses compétences techniques dans le cadre d’une formation en dendrométrie de l’équipe de GUIDRE:

  • Choix aléatoire des terrains de mesures
  • Etablissement de placettes de 25m x 25m pour mesurer la biomasse des arbres:
    • Mesure du diamètre des arbres à hauteur de poitrine
    • Mesure de la hauteur à l’aide de clinomètres
    • Calcul de la biomasse en fonction de la densité du bois de chaque espèce
    • Adaptation de la taille de la placette selon la déclivité du terrain
  • Etablissement de placettes de 3m x 3m pour comptabiliser la biomasse existante de la végétation arbustive
  • Etablissement de placettes de 1m x 1m pour comptabiliser la biomasse existante de la végétation herbacée

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Trois notions essentielles ont été abordées lors de ces formations:

Eligibilité: un terrain n’est éligible pour un projet carbone que lorsque les forêts y ont été coupées il y a plus de 10 ans. Une forêt est une zone de plus d’un demi-hectare dont les arbres atteignent plus de 5 mètres. Pour vérifier l’éligibilité on recourt à des images satellite historiques (Google Earth, Landsat, etc.). Lors de nos visites sur le terrain nous avons constaté que certaines zones déboisées de nos jours, apparaissent comme des forêts sur certaines images satellites actuelles, et vice-versa. Il est donc important de bien choisir la source satellitaire et d’apprendre à interpréter correctement ces images, et surtout les images satellite d’il y a 10 ans. Notre partenaire South Pole se chargera de cette analyse pour ensuite fournir à GUIDRE des cartes d’éligibilité. Ces dernières serviront à identifier immédiatement, lors des visites des terrains avec les propriétaires, les terrains inéligibles (ou qui ne seront éligibles que dans quelques années). Lors de l’identification des nouveaux terrains, les superviseurs de GUIDRE veilleront également à ne pas inclure les parties de forêts existantes ou encore les sols cuirassés, sur lesquels la végétation s’établit difficilement.

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Baseline: La biomasse existante sur les terrains ne pourra évidemment pas être comptée dans le calcul du carbone absorbé grâce au projet arboRise (notion d’additionalité). C’est pourquoi il est important de choisir les terrains les plus dépourvus d’arbres, d’arbustes et d’herbacées. Il sera également nécessaire de classifier les terrains choisis en fonction de leur couverture végétale pour constituer des strates statistiques de mesure. Ensuite nous procéderons à la mesure de la baseline, pour calculer le volume de biomasse à soustraire des Réductions d’Emissions du projet.

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Mesures ex ante: les études scientifiques sur la croissance de la biomasse forestière sont nombreuses en Asie et en Amérique du Sud, mais rarissimes en Afrique de l’Ouest. Cela rend très approximatif l’estimation du potentiel de séquestration carbone d’un projet comme arboRise. Pour palier à ce manque de références scientifiques, nous allons identifier des zones mises en défens par les autorités il y a plusieurs années et sur lesquelles les arbres ont grandi. Mesurer la biomasse actuelle sur ces parcelles permettra de déduire la croissance annuelle moyenne de la biomasse et donc le potentiel de séquestration carbone du projet. Ici sur un terrain mis en défens il y a 23 ans, proche du village de Deyla:

ex ante 1 ex ante 2

L’équipe des trois partenaires a également visité 10 terrains reboisés en 2021 (pour mémoire : 5’000 boulettes de graines par hectare, semées sans poquets). Ces visites ont permis les constats suivants :

  • La très forte régénération naturelle complète les plants ensemencés en 2021. La densité de plants par hectare varie considérablement en fonction de la nature du sol et des feux. Les trois meilleurs terrains présentent une densité de 5000 tiges par hectare, les trois pires terrains ont une densité de 500 tiges par hectare
  • Les densités de biomasse observées concordent avec les mesures de biomasse par imagerie satellite infrarouge (NDVI). Les données satellitaires peuvent donc être utilisées pour cibler les visites sur les terrains.
  • Les plants semés en 2021 et épargnés par les feux atteignent une hauteur de 1,7m en moyenne
  • Sur 12 terrains visités, seuls 3 ont été touchés par les feux. La croissance des arbres est ralentie d’une année lorsqu’un terrain a été touché par le feu. Sur les trois terrains concernés, les plants mesurent environ 80cm.

Consultation des parties prenantes (3)

LSC MEDD photo de groupe

La consultation des parties prenantes s’est poursuivie à Conakry du 27 février au 1er mars. Les responsables du projet d’arboRise, GUIDRE et South Pole ont pu échanger avec le bureau d’étude environnemental Biotope Guinée, avec le représentant de L’IUCN pour la Guinée et le responsable du CECI.

La réunion la plus importante a eu lieu avec Mme Safiatou Diallo, Ministre de l’Environnement et du Développement Durable de la République de Guinée, et les membres de son cabinet: M. Karim Kourouma, Secrétaire Général, M. Aly Traoré, chef de cabinet, Mesdames Oumou Doumbouya et Adama Diabaté, responsables de Département de l’Atténuation du Risque Climatique, M. Mohamed Fofana, Directeur National des Eaux et Forêts et M. Pierre Lamah, Autorité National Désignée Guinée du Fond Vert pour le Climat. La consultation du MEDD était essentielle pour renforcer les liens de collaboration avec les autorités nationales du Gouvernement de la Transition. Elle avait été préparée en amont avec tous les services concernés, grâce à l’entremise de Mme Adama Diabaté.

 

Consultation du MEDD Présentation

LSC MEDD audience

ArboRise remercie ici vivement Son Excellence, Madame la Ministre, ainsi que les membres de son cabinet, pour l’attention témoignée à l’égard du projet et le souhait réitéré d’intensifier la collaboration. C’est en effet l’un des buts statutaires d’arboRise de partager les enseignements de ses expériences et nous ne manqueront pas de fournir aux autorités guinéennes le soutien désiré. Il s’agira premièrement de la part apportée par le projet arboRise aux Contributions Déterminées au niveau National, conformément aux Accords de Paris, deuxièmement la contribution d’arboRise en terme d’emplois verts et de superficie reboisée, et enfin les formations nécessaires à la Direction des Eaux et Forêts pour renforcer l’impact de ses programmes de reforestation.

C’est dans ce dernier but que les trois partenaires ont finalement rencontré personnellement Monsieur Pierre Lamah, en sa qualité de Point Focal du Fond Vert pour le Climat, pour le suivi de notre demande de soutien financier au Fond Vert.